Ce que nous devrions enseigner à nos enfants sur notre monde intérieur
par Gerrit Gielen
Introduction
Nous sommes les citoyens de deux mondes : le monde extérieur et notre monde intérieur. Pour les jeunes enfants, la différence entre ces deux mondes n’est pas encore très claire. Un bébé doit découvrir ce qui fait partie de lui et ce qui n’en fait pas partie. Lorsque l’on est enfant, il n’est pas évident de faire la différence.
Je me souviens que lorsque j’étais enfant, il m’arrivait d’avoir peur dans le noir. Je voyais toutes sortes d’objets. J’appelais alors ma mère pour qu’elle fasse fuir ces choses effrayantes. Je montrais un coin dans lequel je pensais voir quelque chose. Et ma mère me faisait alors un signe de la main et me disait : « Tu vois, il n’y a rien. » Cela me rassurait. Plus tard, je me suis rendu compte que les choses que je croyais voir à l’extérieur, je les voyais également les yeux fermés : elles existaient dans ma tête. Petit à petit, j’ai commencé à prendre conscience de la différence entre le monde intérieur et le monde extérieur. Tout à l’extérieur de moi était soumis à des règles rigides, alors qu’à l’intérieur de moi, tout était possible. Le monde intérieur n’était que le mien, le monde extérieur était un monde partagé avec tous.
Or, la plupart des enfants écoutent des messages implicites transmis par leurs parents et leurs professeurs : tout ce qui concerne le monde extérieur est important, alors que le monde intérieur ne l’est pas – on ne doit pas y accorder trop d’attention. On voit aujourd’hui les effets de cette insistance sur le monde extérieur : dépression, burn-out, problèmes de santé. Et cela va même bien plus loin. Comme nous voyons le monde à travers les yeux de nos peurs inconscientes, nous voyons des ennemis, même lorsqu’il n’y en a pas. Et par conséquent, il y a des ennemis et des luttes partout.
Tous ces problèmes pourraient être évités si nous élevions nos enfants différemment – si nous leur apprenions comment s’occuper de leur monde intérieur – si nous les encouragions à apprendre à apprécier la richesse de ce monde intérieur – si nous leur apprenions à regarder la part d’ombre de leur monde intérieur avec amour au lieu de la condamner – si nous leur disions que le monde intérieur est infini – si nous leur enseignions qu’au plus profond de ce monde intérieur se trouve une source infinie de sagesse dans laquelle ils peuvent toujours retourner.
On ne peut pas négliger notre monde intérieur sans en subir les conséquences. Et celles-ci sont visibles autour de nous.
D’où ce petit guide. Voici trois leçons sur votre monde intérieur que vous devriez déjà avoir apprises à l’école lorsque vous étiez enfant.
1. Soyez conscient de vos peurs
Si nous n’apprenons pas à faire face à nos peurs, celles-ci deviennent les verres colorés à travers lesquels nous voyons la réalité. Cela signifie que nous voyons les choses en termes de bien et de mal, et que nous devrons donc travailler dur pour ne pas être victimes d’un acte répréhensible. Nous sommes tenus à l’écart des plaisirs de la vie.
Un exemple : une amie française a pris une photo exceptionnelle d’une araignée femelle tenant une espèce de cocon dans lequel elle transportait ses œufs.
Sandrine, la femme qui a pris la photo, se sent en lien avec les petits animaux tels que les araignées et les insectes, et prend d’étonnantes photos d’eux. Elle communique aussi avec eux. Sandrine est une belle Française qui déborde d’amour profond pour tout ce qui vit.
Comme beaucoup, je trouve les araignées un peu effrayantes. C’est également ce que j’ai ressenti lorsque j’ai vu la photo pour la première fois. J’ai alors essayé de la regarder à travers les yeux de Sandrine, et j’ai ressenti un peu de son amour pour les petits habitants de cette planète. Tout à coup, j’ai vu quelque chose de merveilleux, d’enchanteur, quelque chose d’intime. Une créature vivante très différente de moi, mais qui tient malgré tout une place unique dans l’univers, et qui, à sa façon, prend soin de ses œufs avec amour.
Lorsque je regarde avec les yeux de la peur, alors il y a quelque chose d’effrayant, quelque chose d’autre que moi, une dualité : l’araignée, une créature étrange qui pourrait me menacer ; un être dont je ne veux pas dans mon univers. Lorsque je regarde à travers les yeux de Sandrine, la dualité disparaît alors complètement. Voir cela se produire est une véritable expérience. La peur crée la dualité, l’amour y met de la lumière.
Lorsque je regarde l’obscurité avec crainte, je la vois comme quelque chose de dangereux, qui est à l’opposé de ce qu’est la lumière et qui me menace. Lorsque je regarde l’obscurité avec amour, je vois un endroit où il n’y a pas de lumière et j’entends un enfant perdu et effrayé qui appelle à l’aide – la source de ma peur.
Si nous voulons vivre dans ce monde de façon harmonieuse, nous devons regarder à l’intérieur et observer toutes nos peurs avec honnêteté.
Comment s’y prendre ?
Imaginez que vos peurs ne sont que des petits enfants qui se sont cachés quelque part au fond de vous. Ces enfants ont un nom ; par exemple, solitude, pauvreté, souffrance, chagrin. Il y a même peut-être un enfant qui s’appelle mort. Ce sont les noms des enfants perdus qui appellent à l’aide. Appelez-les et accueillez-les tous. Ils font partie de vous et de votre monde intérieur. Ainsi, vous apportez votre lumière à votre propre obscurité intérieure.
Si nous ne prenons pas conscience de nos peurs, celles-ci colorent nos verres et nous apparaissent comme notre réalité. Puis, en grandissant, nous entourons nos peurs de toutes sortes d’idées qui les renforcent. La peur transmet toujours un message négatif sur le monde qui nous entoure. Ces idées finissent par être perçues comme des vérités irréfutables sur le monde.
En considérant vos peurs comme des enfants perdus à l’intérieur de vous, et en les accueillant avec amour, vous enlevez ces verres et vous pouvez voir le monde qui vous entoure à travers votre lumière originelle : la lumière de l’amour. La dualité disparaît et redevient unité.
C’est normal d’avoir toutes sortes de peurs. Mais c’est seulement si nous sommes capables d’y faire face avec honnêteté que nous pourrons transformer ces peurs et le monde qui nous entoure avec amour.
La dualité est dans l’œil de celui qui regarde.
2. L’imagination est la voie vers l’abondance intérieure
Pendant mes consultations ou mes ateliers, j’entends souvent les gens dire : « Je me demande si ce n’est pas que le fruit de mon imagination. » J’ai toujours l’impression que les gens pensent qu’ils ne sont pas autorisés à laisser libre cours à leur imagination. Il y a apparemment une sorte de tabou à ce niveau.
Pourtant, il y a tant de choses magnifiques qui ont été créées par les êtres humains. Pensez à toutes les œuvres merveilleuses qui ont émergé de leur imagination dans les domaines de la musique, de la peinture, de la littérature, du cinéma ou de l’architecture. Les grands scientifiques et philosophes aussi avaient une grande imagination. Et pourtant, à l’école, aucun temps n’est consacré à l’imagination. Si c’était le cas, nous utiliserions tous notre imagination avec plaisir et avec plus de créativité : si c’est enseigné à l’école, c’est que cela doit être important. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Peut-être même vous dites-vous que vous n’avez pas d’imagination. Non ? Vous n’avez jamais eu de fantasmes sexuels ? Lorsque vous étiez enfant, n’avez-vous jamais imaginé votre futur ? La maison de vos rêves ? N’avez-vous jamais rêvé du partenaire idéal, d’un travail que vous aimeriez faire ? D’un voyage vers un pays lointain ? Croyez-moi, vous avez beaucoup d’imagination : chaque fois que vous pensez à l’avenir, vous utilisez votre imagination.
Si vous voulez apprendre à utiliser votre imagination de manière créative, alors la première étape consiste à reconnaître que vous utilisez souvent votre imagination ; cela fait partie du fait d’être humain. Chez certaines personnes, elle est plus développée que chez d’autres, et elle fonctionne différemment d’une personne à l’autre. Quoi qu’il en soit, elle est présente en chacun de nous.
Chez certains, l’imagination est très visuelle, chez d’autres, elle l’est moins. Si ce n’est pas le cas pour vous, pensez aux personnes qui naissent aveugles et qui ne savent pas ce que sont les images ou les couleurs. Elles peuvent pourtant avoir une grande imagination. Certains écrivent de merveilleux romans, par exemple.
Tout comme chacun de nous a des rêves, chacun de nous a la capacité d’imaginer.
La deuxième étape consiste simplement à commencer à exercer son imagination. L’imagination est quelque chose que l’on peut développer. Là aussi, « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ». La répétition est la clé et vous devez y consacrer du temps. Lorsque votre monde intérieur remarquera que vous prenez le temps d’apprendre à utiliser votre imagination, il vous viendra en aide.
Un exercice très simple consiste à imaginer que vous parlez à un sage ou à une sage. Si vous êtes une femme, choisissez un homme et vice versa. Cela vous aide à vous sentir comme une personne complète, à la fois masculine et féminine. Si vous avez du mal à imaginer quelqu’un, choisissez un personnage historique.
Entamez la conversation et imaginez ce que les réponses pourraient être. Par exemple, parlez d’un problème que vous rencontrez. N’ayez pas peur d’imaginer le type de réponses que vous obtiendrez ; faites-en un dialogue. Pour ma part, cela fonctionne mieux lorsque j’écris les réponses. À un moment donné, vous allez vous rendre compte que les réponses imaginées viennent assez facilement. Vous n’avez en fait plus besoin d’y penser.
Et puis, il arrivera un moment où vous vous direz : « Tiens, ce que j’entends maintenant est très spécial. » Cela correspond au moment où vous aurez connecté votre imagination à une source plus profonde : la couche profonde de sagesse qui est en vous. Une fois que vous avez restauré le contact avec cette source, vous pouvez prendre la décision : « J’ai le pouvoir sur ma vie. » Ce n’est pas une personne à l’extérieur de vous qui a le pouvoir ultime, c’est une personne qui vit en vous. Une seule personne est en vous : vous. Vous avez le pouvoir sur votre vie.
Les gens ont renoncé à leur pouvoir intérieur parce qu’ils se croient dans l’ignorance. Toutefois, à l’aide de votre imagination, vous pouvez contacter votre source intérieure de sagesse. Dès que l’on comprend que l’on peut prendre le pouvoir sur sa vie, la confiance en soi apparaît.
3. Apprenez à penser de manière positive – et surtout, à comprendre ce que cela veut dire
On parle beaucoup du pouvoir de la pensée positive. Nombreux sont ceux qui entreprennent de répéter en continu des pensées telles que : « Je suis riche. » Mais cela ne sert à rien.
Alors comment faire pour que cela soit utile ? Partez du principe qu’au plus profond de vous, il existe une source de lumière et d’amour : votre centre.
Il existe deux types de pensées. Il y a les pensées qui sont en harmonie avec la lumière provenant de cette source, et qui la renforcent et veillent à ce qu’elle circule jusqu’à la Terre. Et il y a aussi les pensées qui bloquent la lumière provenant de cette source et qui restent en suspension comme de sombres nuages. Ces pensées sont basées sur la peur. Par exemple, si vous voulez être riche parce que vous avez peur de la pauvreté, alors ce n’est pas une pensée positive.
Il est possible de s’y entraîner. Imaginez cette source, un soleil brillant, quelque part au-dessus de votre tête. Choisissez ensuite une pensée dans votre tête. Si c’est une pensée positive, qui est en harmonie avec la source, vous sentirez une réaction positive dans votre corps ; par exemple, une sensation de chaleur dans votre cœur. La lumière circule à partir de la pensée. Si c’est une pensée négative, la lumière de votre source est bloquée.
Observez votre corps pour voir si des tensions apparaissent. Votre corps sent si le contact avec la source est rompu et y réagit, souvent par une sensation de trouble. Si vous remarquez cela, alors il s’agit d’une pensée négative. Posez-vous alors la question : « Quelle peur se cache derrière cela ? » Et trouvez la source de cette peur : un enfant perdu.
Et pour finir : c’est en forgeant que l’on devient forgeron
Au début, ce type de travail intérieur ressemble un peu à un voyage dans une ville inconnue à l’étranger. Si vous vous y rendez pour la première fois, tout vous semble bizarre et déroutant, voire menaçant. Petit à petit, tout devient plus familier, vous connaissez mieux les gens. Vous commencez à vous faire des amis et vous vous sentez à l’aise.
Il se passe un peu la même chose lorsque l’on commence à explorer son monde intérieur. C’est un monde différent, avec des règles différentes, mais qui devient progressivement plus facile d’accès et plus familier.
Imaginez ceci : chaque humain sur Terre a son lopin de terre. Imaginez maintenant que chaque personne enveloppe son terrain de beaucoup d’amour et d’attention et le rende aussi beau que possible. Quelle belle planète serait alors la Terre !
C’est en fait ainsi que l’Univers est organisé. Chacun possède une petite partie de l’Univers. Cette partie, c’est vous. C’est votre monde intérieur : la seule partie de l’Univers dont vous avez le contrôle, et que vous ne voyez pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. Regardez autour de vous : il n’y a personne d’autre, tout est à vous.
Traitons-nous cette partie avec amour ? Nous aimons-nous nous-mêmes ? Le plus souvent, non. Généralement, nous sommes comme des jardiniers qui font beaucoup de commentaires sur les jardins de leurs voisins, mais qui négligent totalement leur propre jardin et le déshonorent.
Nous remplissons la partie de l’Univers qui nous appartient de pensées et de sentiments négatifs ; il n’y a quasiment pas de lumière en elle. Souvent, nous ne nous donnons que très peu d’amour. Il suffit de regarder le monde qui nous entoure pour en constater les conséquences. À l’intérieur de la plupart d’entre nous, c’est l’hiver : le Soleil intérieur ne brille pas. Disons « oui » à chaque partie de notre propre jardin intérieur. Laissons notre Soleil intérieur – cette source inépuisable de vie – briller sur chaque plante, aussi petite soit-elle. Laissons l’hiver céder la place à un beau printemps.
© Gerrit Gielen
Traduit de l’Anglais par Florence Clavel
2 thoughts on “Ce que nous devrions enseigner à nos enfants sur notre monde intérieur”
Merci Gerrit pour ce partage qui me touche car je viens juste aujourd’hui de prendre conscience d’une part de ma petite fille intérieure qui est profondément en souffrance, affamée d’amour même !
Donc tes mots trouvent écho dans mon coeur avec de belles synchronicités!🙏
Merci infiniment pour tout ce que vous mettez à disposition sur votre site. C’est un des plus beau cadeaux que j’ai reçu dans ma vie!🙏🏽❤️