L’unité : l’individuel et l’universel
par Gerrit Gielen
“Si le temps et l’espace ne sont que des illusions, alors c’est que nous sommes toujours là où tout a commencé, nous n’avons jamais quitté le paradis”.
Le monde d’où nous venons est un monde d’unité, un monde de lumière et d’amour ; c’est notre véritable demeure. Dans le monde où nous naissons, en revanche, ce monde terrestre, tout est séparé par les grands diviseurs que sont le temps et l’espace. C’est le monde de la dualité, le monde des frontières, de la lutte, de la loi du plus fort et de la guerre entre les humains, ou entre l’humanité et la nature. En un mot, c’est le monde de la peur. La plupart des idées qui circulent dans ce monde sont fondées sur des peurs. Par le fait de grandir avec et parmi elles, nous en venons à les considérer comme des évidences et nous bâtissons même nos vies en les prenant comme fondations. La peur nous pousse à bâtir des murs entre nous et l’objet de nos peurs, et c’est ce qui crée la dualité. Chaque mur que nous construisons est aussi un mur qui se monte à l’intérieur de nous. C’est ainsi que nous détruisons notre unité intérieure.
Quelle est l’origine de ces peurs?
Le théisme est l’une des plus grandes sources de telles peurs. Selon le théisme, en somme, nous sommes séparés de Dieu. L’univers est divisé en deux parties : d’un côté il y a Dieu, ou la partie vertueuse, et de l’autre côté il y a nous. Nous devons obéir aux règles de Dieu et croire en son livre sacré, car sinon nous courons le risque de lui déplaire. Mais forcément, il s’avère impossible d’obéir toujours à ses règles et il nous arrive de commettre des péchés, nous condamnant ainsi au terrible sort de finir en enfer. La conséquence d’une telle pensée est la peur et la culpabilité, ainsi que la croyance que nous sommes foncièrement mauvais. Pour chaque moment que nous vivons pleinement et savourons la vie de façon insouciante, nous avons tendance à ressentir automatiquement de la culpabilité par la suite. Pour beaucoup d’entre nous cette manière de penser est encore fortement ancrée.
Une autre source importante de ces peurs est, ironiquement, l’athéisme et la pensée scientifique fondée sur l’athéisme, qui affirme que l’univers existe dans un espace-temps défini. Cette croyance place la notion de l’espace-temps au-dessus l’univers. Cela résulte en une autre forme de division, qui nous fait penser « Je suis séparé des autres par l’espace-temps. Ma vie n’est qu’une étincelle fugace de lumière dans une nuit sans fin. Chaque individu est seul et doit se battre pour survivre. La soi-disant connexion intérieure entre moi et les autres, l’amour, n’est qu’une illusion créée par des mécanismes biologiques de survie. »
Ces deux approches ont pour point commun qu’elles placent quelque chose au-dessus de l’univers et ainsi les deux nient la nature unie et intégrale de la réalité. L’impact psychologique d’un tel point de vue est que nous croyons en la peur plutôt qu’en l’amour, en la séparation plutôt qu’en l’unité, et en la matière plutôt qu’en l’esprit. Ainsi nous perdons notre sens de l’unité. Notre attention reste focalisée sur le monde autour de nous, et nous apprenons petit à petit à nous détourner de notre monde intérieur. Nous oublions que l’univers tout entier existe à l’intérieur de nous, et nous continuons à nous rendre infiniment petits. Plus nous nous faisons petits, et plus nous sommes malheureux, plus nous avons peur, et plus nous nous sentons seuls. Le théisme ne nous aide pas : il nous apprend que même s’il y a un Dieu, nous en sommes séparés, et que nous devons obéir à ses règles, le craindre et oublier nos propres besoins.
Nous essayons de dépasser nos peurs en tentant d’être quelqu’un de bien et de nous adapter aux énergies de ce monde. Mais nous ne pouvons y parvenir qu’en nous divisant en différentes parties, à l’intérieur de nous. Nous commençons à juger certaines parties de nous comme étant inappropriées au mauvaises, et nous refoulons ces parties. Il s’agit bien évidemment des aspects de nous qui n’entrent pas dans le cadre établi, des parties authentiques et uniques. Ainsi nous créons à l’intérieur de nous les mêmes murs et les frontières que nous observons à l’extérieur.
Que
pouvons-nous faire? Comment redevenir un être entier, uni
?
Nous devons d’abord comprendre la véritable nature de
l’unité.
L’unité
et l’intégralité
Pour beaucoup de personnes, l’unité est un concept abstrait, dénué de beauté, une chose dans laquelle nous finirons tous par disparaître. Selon cette pensée, nous émergeons de l’unité et nous y retournerons tôt ou tard, telle une goutte d’eau qui disparaît dans l’océan.
La phrase “ tout est un” est souvent interprétée comme “tout est pareil”. Or, cela ne laisse pas de place pour l’individualité. Beaucoup de croyances spirituelles ressemblent finalement à l’athéisme : dans les deux cas, il y a la croyance que nous disparaîtrons à un moment donné dans l’univers, d’une manière ou d’une autre. Cette définition de l’unité ne prend pas en compte le fait que si l’univers est un seul tout, alors tous ses composants font déjà partie de cette unité. La séparation est un concept mental fondé sur la peur. Nous sommes séparés parce que nous nous croyons séparés.
Comment cela est-il possible? Comment tout peut-il être un, et à la fois totalement différent ? Comment puis-je ne faire qu’un avec l’univers, et en même temps être un individu ? D’un point de vue purement rationnel, cela est en effet difficile à comprendre, car notre rationalité se base sur l’espace-temps, et dans cet espace-temps cet état de chose n’est pas possible. Selon l’espace-temps il ne peut y avoir qu’une chose à un endroit donné, à un moment donné.
Cependant, notre manière de concevoir l’espace-temps est basée sur l’étude du monde extérieur. Quasiment tout ce que nous apprenons au cours de notre éducation est porté vers ce monde extérieur. Lorsque nous nous laissons partir dans nos rêveries, dans notre monde intérieur, c’est jugé comme étant négatif. Pourtant, lorsque nous ressentons une connexion affective avec une autre personne, cela concerne notre monde intérieur. Il nous est possible de ressentir une profonde connexion intérieure avec une personne, ou avec la nature, voire même de connaître un sentiment d’union, tout en étant séparés physiquement. L’unité relève du monde intérieur. Mais étant donné que nous avons tendance à négliger ce monde intérieur et à croire, comme le font la plupart des gens, que l’univers existe dans un espace-temps défini, l’unité nous semble impossible.
Je vais tenter d’illustrer la notion de l’unité en donnant deux exemples. Il est intéressant de constater que ces exemples, qui vont à l’encontre de nos pensées conventionnelles et rationnelles, sont en fait très proches.
Pour commencer, pensez à l’instant au corps humain. Le corps humain et un seul tout, et pourtant tous les organes qui le composent sont très différents les uns des autres. Si tous les organes étaient les mêmes, il n’y aurait pas de corps, juste une série d’organes ; l’unité du corps n’existerait pas. Cela soulève la question du pourquoi nous considérons le corps humain comme un ensemble, un tout intégral.
Imaginez que vous parlez avec un ami. Vous remarquez peut-être ses mains, ses yeux, ses cheveux… des parties distinctes de lui. Mais en même temps, vous les considérez comme faisant partie d’un seul tout. Vous savez qu’il y a une seule conscience, une seule personne, derrière toutes ces différentes parties. Et dans chaque partie du corps nous sentons cette unité, l’énergie unique de cette personne. Cela est possible justement parce que tous les organes du corps sont différents. Les organes du corps existent à l’intérieur d’un espace-temps. Cependant il y a quelque chose, une énergie originelle, en dehors de l’espace-temps, qui englobe et pénètre tous les organes et fait du corps un ensemble uni, un tout. Dès lors que vous communiquez véritablement avec une autre personne vous constatez la présence de ce tout. Il est souvent constaté et décrit, en voyant une personne décédée, que quelque chose est “parti”.
Cette énergie vitale, originelle, est quelque chose que nous ressentons sur le plan intérieur, au niveau du cœur. C’est le fait de voir à partir du cœur qui permet de rassembler toutes les informations reçues par nos cinq sens physiques en une seule expérience : un ami.
Prenez maintenant cet autre exemple : imaginez-vous en train de marcher dans un beau paysage. Au loin vous voyez des montagnes, des forêts et une cascade. Près de vous il y a une rivière et une prairie remplie de toutes sortes de fleurs. Vous voyez des animaux et dans le ciel des nuages, ainsi que des oiseaux au loin. À l’intérieur de vous, toutes ces choses se rassemblent en une belle image globale. L’existence de cette image à l’intérieur de vous est un miracle, il défie les lois de l’espace-temps où tout est divisé et “l’unité” de quelque chose, telle une image, est impossible. Pour un ordinateur, une image est constituée d’une série de chiffres binaire (des 1 et des 0) mais elle n’est jamais un seul ensemble intégral. Un ordinateur n’a pas la capacité de voir avec le cœur, et ne peut donc pas combiner toutes ces informations – tous ces uns et ces zéros – en une seule expérience.
Il nous est impossible d’expliquer le miracle de l’unité, le miracle du cœur, en utilisant des concepts rationnels. Par conséquent, nous ne pouvons pas le programmer dans un ordinateur. En informatique, une image sera toujours une série de uns et de zéros. Elle ne sera jamais une unité, un beau paysage. C’est seulement lorsque ces uns et ces zéros sont projetés sur l’écran de notre esprit que nous pouvons les transformer en une seule image. La rationalité appartient au monde de l’espace-temps, tout comme un programme informatique relève de l’espace-temps. Notre conscience, où se produit le miracle par lequel tous les éléments d’une image deviennent un magnifique ensemble, se situe en dehors de l’espace-temps. Notre cœur, la source de l’amour, demeure en dehors de l’espace-temps.
Qu’est-ce qui rend cette image si belle ? Qu’est-ce que la beauté ?
Premièrement, c’est le fait que tout soit différent. Chaque arbre est différent ; s’ils étaient identiques l’image perdrait une partie de sa beauté. Et les arbres sont complètement différents des montagnes, des nuages et des animaux, de toute autre chose dans le paysage. C’est justement le fait que tout soit différent qui crée la beauté de l’ensemble. La beauté , c’est la rencontre entre l’individuel et l’universel.
Imaginez maintenant ceci : vous regardez un oiseau qui vole au-dessus de vous, et pendant un moment vous vivez la sensation de devenir cet oiseau. Vous ressentez ce que c’est d’être un oiseau et de voler dans les airs. Cette expérience vous permet d’apprécier l’oiseau encore davantage, d’approfondir votre connexion avec lui et fait croître la beauté de l’oiseau à vos yeux. Ensuite, vous vous laissez devenir la montagne : vous ressentez sa force, son ancienneté, son histoire. Cette expérience est très différente de l’oiseau, et ainsi de suite vous vivez chaque expérience. Au fur et à mesure, votre compréhension du paysage environnant gagne en profondeur, il devient ainsi plus beau et plus uni. Vous accédez à un nouveau niveau de conscience de la connexion entre toutes choses. Telle est la deuxième raison. Il existe une connexion intérieure, une harmonie intérieure entre toutes choses que nous percevons, et cela s’exprime par la beauté extérieure. Là où l’harmonie intérieure est perturbée, la beauté extérieure est amoindrie.
Il y a un aspect supplémentaire à prendre en considération : plus nous devenons conscients du monde intérieur de chaque être qui fait partie du paysage et plus nous évoluons en tant que personne ; chaque expérience enrichit notre être. Vous pouvez imaginer qu’il arrive un moment où vous devenez le paysage lui-même. En étant conscient de la vie intérieure de tout ce qui compose le paysage, c’est le paysage tout entier qui devient un seul être vivant. Il ne s’agit pas de vous perdre, de vous fondre dans le paysage, mais de faire l’expérience de l’expansion. Vous restez conscient de vous-même en tant qu’être humain, en tant qu’être individuel qui contribue à la beauté du paysage, mais en même temps vous êtes une conscience éclairée car vous êtes aussi l’oiseau, l’arbre, la montagne et la cascade. Dans l’absolu, vous êtes la conscience même derrière ce paysage.
Que pouvons-nous apprendre de ces deux exemples ?
Tout d’abord que l’unité est un mystère, que l’on ne peut pas expliquer de manière rationnelle. Mais nous pouvons en faire l’expérience ; d’ailleurs nous la faisons continuellement. Plus nous sommes en lien avec notre cœur et plus cette expérience devient profonde. Le cœur est en fait le sens qui nous permet d’avoir conscience de l’unité.
Notre corps est un seul ensemble car il est constitué de différents types d’organes ; le paysage est beau car tout ce qui le compose exprime sa propre essence profonde. Cependant, il n’y a qu’une seule énergie derrière ces réalités, et notre cœur nous permet de ressentir cette énergie. Nous avons besoin de notre cœur pour sentir que le corps en face de nous est un ami, et ressentir la connexion intérieure avec cet ami. Nous avons besoin de notre cœur pour percevoir la beauté d’un paysage et sentir que nous ne faisons qu’un avec ce paysage.
Tout comme notre corps n’est qu’un, l’univers aussi est un seul grand ensemble. Comment cela est-il possible ? Car l’univers n’existe pas dans un espace-temps : c’est l’espace-temps qui fait partie de l’univers. Cela signifie que la multitude fait partie de l’un. Voici le secret de l’unité : l’universel fait partie de l’individuel, car l’espace-temps fait partie de l’un.
Nous ne sommes pas séparés de Dieu, car l’espace-temps qui contient tout fait partie de Dieu. Telle est la nature de l’unité. La multitude, chaque partie individuelle, ne disparaît pas dans l’unité, mais en fait partie. Et chaque partie, en exprimant son individualité, ajoute à la beauté de l’unité. La fleur qui éclôt rend le paysage entier plus beau ; et plus le paysage est beau, plus il exprime l’unité.
Ainsi, nous pouvons dire que plus nous exprimons notre beauté intérieure, et plus nous aurons le sentiment de ne faire qu’un, d’être connecté au tout.
William Blake, dans son “Auguries of Innocence” (Augures d’innocence) l’exprime ainsi :
To see a World in a Grain of Sand.
And a Heaven in a Wild Flower.
Hold Infinity in the palm of your hand.
And Eternity in an hour.
Voir le monde en un grain de sable,
Un ciel en une fleur des champs,
Retenir l’infini dans la paume des mains
Et l’éternité dans une heure.
(traduction Pierre Boutang)
L’un et la multitude ne font qu’un, et l’un demeure au fond de vous. L’expression de votre monde intérieur augmente la beauté du tout : c’est cela que j’appelle l’unité. Voilà le grand mystère de l’univers, un mystère dont nous faisons l’expérience chaque fois que nous contemplons un paysage magnifique ou que nous échangeons avec un ami.
Vivre
l’unité en soi
Ayant exploré ce que signifie véritablement l’unité, nous pouvons maintenant nous poser la question suivante : “ Comment puis-je connaître l’état d’unité?
Le secret de vivre l’unité en soi, c’est bien évidemment d’apprendre à voir avec le cœur. Mais comment nous libérer de toutes ces idées fondées sur la peur qui nous empêchent de ressentir l’unité de notre être ?
Prenons un instant pour observer ces idées. Ces idées qui créent une division intérieure et nous déconnectent de notre réalité divine. Elles nous font croire que nous ne sommes qu’une particule infiniment petite perdue au cœur de l’océan infiniment obscur de l’espace-temps. Elles nous séparent de l’unité, du Tout, et elles nous empêchent de voir avec le coeur.
Prenez par exemple les données suivantes :
Je suis Gerrit Gielen, de sexe masculin, né le 26 mai 1956, et je suis de nationalité Néerlandaise. En affirmant ces choses, personne ne me traiterait de menteur. Dans ce monde, ce genre de “faits” sont très importants. Ils sont d’ailleurs affichés dans mon passeport. Modifier des informations marquées dans mon passeport serait même considéré comme un acte criminel.
Cependant, d’un point de vue spirituel, toutes ces affirmations sont incorrectes. Derrière chaque information est une puissante pensée qui me déconnecte de ma réalité divine et qui crée la peur et la division à l’intérieur de moi. Le fait de croire en ces affirmations crée les cages dans lesquelles nous vivons. Elles agissent comme un bandeau qui nous empêche de voir à travers le sens le plus important que nous ayons : le cœur.
Étudions de plus près ces affirmations et leur impact sur nous, et regardons comment nous pouvons les dépasser.
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Notre nom
Visualisez un instant ceci : vous partez à un bal
masqué, et vous êtes déguisé, mettons en mendiant. Or, au bout
d’un moment dans la soirée vous, et tout le monde autour, oubliez
que vous êtes dans une soirée déguisée. Vous vous mettez à
croire réellement que vous êtes un mendiant. Toutes les autres
personnes dans la soirée vous traitent comme si vous étiez
véritablement un mendiant. Vous en oubliez qui vous êtes
réellement.
En fait, c’est cela qui vous est arrivé. Le nom que vous portez dans ce monde n’est pas votre véritable nom, seulement le nom du costume que vous portez, c’est-à-dire votre personnalité terrestre ; c’est comme une sorte de cape énergétique.
Je
vous invite à faire la méditation suivante :
Prononcez
votre nom à voix haute et imaginez que c’est le nom de la cape
énergétique que vous portez sur vous. Ressentez la présence de
cette cape qui vous entoure, puis prenez conscience qu’il ne s’agit
que d’une cape, et enlevez-la. Dans votre imagination, regardez
cette cape et affirmez qu’il s’agit de votre personnalité terrestre,
en prononçant le nom qui lui appartient. Prenez bien conscience
qu’il ne s’agit pas de votre véritable identité. Ressentez
maintenant votre vraie identité, l’être illimité de lumière et
d’amour éternels que vous êtes. Laissez-vous ressentir votre
véritable nom : un nom qui ne vous limite pas mais qui vous
libère. Votre nom terrestre et la personnalité qui lui correspond
ne sont qu’un costume temporaire que vous portez.
Supposons maintenant que vous n’êtes pas satisfait du costume que vous portez et que vous voudriez porter un costume différent : par exemple celui d’un roi, à la place du mendiant. observez à nouveau la cape énergétique que vous portez, regardez-la à partir du cœur, et ressentez de l’amour pour votre cape, pour votre personnalité terrestre. Observez comment l’amour que vous lui offrez depuis votre cœur opère une transformation, changeant totalement l’apparence de la cape. imaginez combien votre vie changerait si vous vous déployiez toujours dans la lumière et l’amour de votre cœur.
–
Votre âge
En règle générale, lorsque nous sommes jeunes,
nous célébrons notre anniversaire chaque année et c’est un
événement qui a de l’importance pour nous. Puis, petit à petit,
nous nous laissons adopter la vision du temps et de la vieillesse du
monde dans lequel nous vivons : les enfants sont jeunes, ils
grandissent, et ils deviennent vieux. Personnellement, je ne me suis
jamais reconnu dans ce schéma. En tant qu’enfant, je me suis souvent
senti vieux – très vieux, à l’intérieur. Non pas de manière
négative, cette sensation d’ancienneté était quelque chose
d’agréable, même si cela me faisait sortir de la « norme »
Cela me donnait une sorte d’autorité intérieure sur mes
professeurs.
Il s’avère que de nombreuses personnes vivent cette même sensation où leur âge intérieur ne correspond pas du tout à leur âge biologique. Quelqu’un peut avoir 70 ans mais à l’intérieur de lui avoir l’impression d’avoir à peine 25 ans. En affirmant que nous avons le même âge que notre corps, une croyance imposée par le monde dans lequel nous vivons, nous affirmons la croyance erronée que nous sommes notre corps. C’est comme si nous croyions que la maison que nous habitons était l’univers tout entier. Ce n’est pas le cas.
Comment
nous libérer de cette idée que nous avons un âge bien défini
?
Tout d’abord, ramenez votre attention sur le moment
présent. Ensuite affirmez à vous-même : “Parmi tous les moments
de l’univers, mon soi illimité a choisi de faire l’expérience de
celui-ci à travers le corps que j’ai actuellement”. Ensuite,
méditez sur la signification du moment présent. Quel est le message
que la vie cherche à vous offrir en cet instant, qu’est-ce qu’elle
tente de vous apprendre ?
Imaginez maintenant que vous vous trouvez dans une grande prairie. Regardez autour de vous, et placez les moments importants de votre passé à différents endroits dans cette prairie. Créez ainsi un paysage avec vos souvenirs. Peut-être que le souvenir d’un événement particulier de votre enfance se trouve près de vous, et qu’un événement peu significatif d’hier est placé beaucoup plus loin. Autorisez-vous à lâcher la perspective linéaire du temps.
Meditez ensuite sur votre soi illimité, qui n’est pas conditionné par le temps. Vous êtes un être multidimensionnel, capable de faire l’expérience de n’importe quel moment et dans n’importe quel endroit dans l’univers. Ayez confiance que cet être infini a choisi de faire l’expérience de ce moment pour une très bonne raison.
–
Votre nationalité
Dans le monde actuel, la notion de
nationalité est très importante. La mienne est néerlandaise.
Lorsque nous regardons la Terre depuis l’espace, nous ne voyons pas
de pays séparés. Les frontières n’existent que dans la tête des
hommes, elles ne sont pas réelles.
Qu’est-ce qu’une nation, au juste ? C’est un groupe de personnes qui partagent la croyance que le sol sous leurs pieds leur appartient et qu’elles sont différentes, d’une manière ou d’une autre, des personnes de l’autre côté de la frontière de leur pays. Bien évidemment, cela crée de la discorde, soit entre l’homme et la terre, soit entre les hommes. Si nous n’avions pas la notion de nations, il n’y aurait pas de guerre. Et c’est parce que nous considérons la terre sur laquelle nous vivons comme notre propriété que nous l’exploitons.
Qu’est-ce
que cette croyance a généré chez vous?
Vous êtes né
en ayant conscience que toute l’humanité ne fait qu’un, que la Terre
est un être vivant et non la propriété de qui que ce soit. Le
concept de nationalité enfreint cette vérité intérieure et
crée au fond de nous une profonde dissonance. Imaginez que vous
ayiez grandi dans un monde qui n’a pas de frontières, un monde où
l’humanité respecte totalement la Terre et la considère comme un
être vivant et conscient – Gaia, et vit en harmonie avec elle.
Ressentez la différence, ressentez à quel point vous auriez moins
de peurs à l’intérieur de vous.
Les frontières nous donnent l’impression qu’il pourrait y avoir des ennemis de l’autre côté de la frontière. L’idée que la Terre est une matière inerte qui nous appartient nous coupe de son amour, de sa chaleur et de sa sagesse. Le concept de nations et l’idée que vous appartenez à l’une d’entre elles crée une blessure profonde en vous.
Méditation
Le
temps n’existe pas. Ainsi, laissez-vous remonter à votre enfance,
laissez-vous vivre l’expérience d’être un enfant maintenant.
Imaginez que vous vous trouvez avec votre père, qui vous dit qu’il
n’y a pas de frontières, que l’humanité ne fait qu’un et que dans
l’absolu nous sommes tous une expression de la même chose. Il vous
montre un globe et effectivement vous n’y voyez pas de frontières.
Imaginez maintenant votre mère avec vous. Elle vous parle de la Terre Mère – Gaia. Elle vous apprend comment entrer en communication avec elle, et elle vous explique que son amour et sa sagesse seront toujours à votre portée, que vous pouvez toujours compter sur elle pour vous aider à trouver votre place sur Terre. Visualisez la Terre, telle qu’on la voit depuis l’espace. Contemplez cette image, avec le cœur. Ressentez en vous à quel point cela donne à voir une réalité extrêmement différente de tout ce que l’on a pu vous enseigner.
–
Votre sexe
Tout comme notre corps à une partie gauche et
une partie droite, notre âme à également une partie masculine et
une partie féminine. Pourtant, dans ce monde terrestre nous devenons
soit une fille soit un garçon. Lorsque nous naissons dans un corps
de fille, nous apprenons, en règle générale, qu’il est souhaitable
de se comporter comme une fille et inapproprié de se comporter comme
un garçon. Pour un garçon il est mal vu, voire même contre nature,
de trop montrer son côté féminin. De ce fait, nous apprenons à
refouler toute une partie de notre être. Par conséquent, nous
vivons un sentiment constant de solitude, et nous passons une grande
partie de nos vies à chercher un partenaire idéal afin de nous
sentir à nouveau entier. Bien évidemment, ce partenaire ne peut pas
exister dans le monde extérieur.
Quelle
est la solution ?
Nous pouvons imaginer que lorsque notre âme
s’incarne, il se produit la chose suivante : notre âme est une, mais
lorsqu’elle s’incarne sur Terre elle se divise pour devenir deux
jumeaux, une petite fille et un petit garçon. Il y a un puissant
lien d’amour entre eux et ils souhaitent rester ensemble, unis. Mais
leur histoire est une histoire triste.
Le monde extérieur
tout entier s’adresse seulement à l’un des deux jumeaux, il
affirme : « Il n’y a que toi, tu es le seul qui compte.
S’il y a quelqu’un d’autre, ce n’est pas souhaitable et tu dois le
rejeter. » Au cours de votre enfance, il arrive un moment où
vous commencez à croire cette voix. Pourquoi ne dirait-elle pas la
vérité, après tout? Il est naturel de croire les adultes. Ensuite
l’impensable se produit : les jumeaux sont séparés et l’un d’eux
sera perdu, oublié à jamais.
Je vous invite à faire une nouvelle visualisation : amenez votre conscience dans votre ventre, ressentez-y votre enfant intérieur. Mettons que vous êtes une femme, dans ce cas vous pouvez percevoir votre enfant intérieur sous la forme d’une petite fille. Pour un homme, ce sera un petit garçon. Peut-être avez-vous déjà fait beaucoup de travail sur votre enfant intérieur, et cet exercice vous est peut-être facile. Regardez cet enfant, et accueillez cette vérité : l’enfant que vous voyez est l’un des deux jumeaux. Prenez votre temps, laissez-vous intégrer cette vérité. Ressentez bien ceci : il n’est pas naturel pour cet enfant d’être seul. Quelque part au fond de vous se trouve l’autre jumeau. Peut-être qu’il est enfermé dans une boîte noire au plus profond de votre être, mais il est néanmoins là. Prenez maintenant votre enfant intérieur par la main et dites-lui que vous allez chercher ensemble son jumeau. L’enfant intérieur, en vous entendant lui dire qu’il a un jumeau, vous montre aussitôt le chemin. Lorsque les jumeaux sont à nouveau réunis, permettez-leur de se retrouver, de jouer ensemble. Plus vous les laissez jouer librement ensemble et plus vous aurez un sentiment d’unité en vous à nouveau.
Enfin:
l’amour
La clé pour redécouvrir votre intégralité, pour revivre un sentiment d’unité en vous, c’est bien évidemment de voir avec le cœur. Observer le monde à partir du cœur nous permet de voir l’unité derrière la diversité, de voir un ami derrière les différents organes qui constituent un corps humain, et de voir la beauté du divin dans un paysage. Ce faisant, nous ressentons aussitôt de l’amour en nous et nous vivons l’expérience de la beauté.
Pourtant, nous avons accueilli en chemin toutes sortes d’idées fondées sur la peur, qui opèrent comme un bandeau sur ce merveilleux sens intérieur. C’est pourquoi nous avons perdu notre capacité à percevoir le monde et nous-même comme un seul tout, et c’est pourquoi nous voyons des ennemis à la place des amis. En regardant le monde avec seulement nos cinq sens physiques, nous en avons une vision très partiale et déséquilibrée. Le seul moyen de restaurer l’équilibre est de retirer ce bandeau et ainsi redonner à notre cœur la place qui lui revient, qui est le sens qui nous permet de percevoir l’unité derrière tout.
Je constate pour ma part qu’il me reste un long chemin avant de rendre à mon cœur sa place véritable. Cependant j’espère que les méditations que je propose ici vous aideront ne serait-ce qu’un peu à retirer le bandeau du sens le plus beau que nous ayons : le cœur, ce sens qui couronne tous les sens d’un être humain. Que nous puissions tous retrouver l’unité en nous, afin de rayonner notre lumière intérieure dans le monde.
© Gerrit Gielen
Traduction Kate Bentley
Relecture Christelle Schœttel