Trouver le sens de sa vie
par Gerrit Gielen
Quel est le but de notre vie? Voici une question que bien des personnes se posent. Si nous l’abordons d’un point de vue biologique, la réponse est simple : rester en vie et de se reproduire. Ainsi ce n’est qu’une question de survie de l’espèce, ou plus basique encore, la survie de nos gènes. Selon cette vision du monde nous sommes notre corps, et notre corps n’est qu’un véhicule qui assure la transmission de nos gènes. La religion, quant à elle, propose bien sûr un point de vue tout autre, selon lequel Dieu nous a créé, et nous sommes ici pour servir Dieu.
Ces deux points de vue ont comme point commun le fait que le but de notre existence est déterminé par quelque chose qui se trouve à l’extérieur de nous. Nous n’avons pas notre mot à dire à ce sujet. Jusqu’à très récemment c’était très souvent le même cas dans la vie courante. Les gens avaient généralement peu de marge pour décider de leur propre vie. Il était attendu des filles qu’elles aident leur mère, elles n’étaient pas encouragées à étudier ou à apprendre, mais plutôt à se marier, à rester à la maison et à élever plusieurs enfants. Chez les garçons, globalement on attendait d’eux qu’ils exercent un travail physiquement dur ou qu’ils partent à l’armée. Ils devaient obéir aux ordres de l’autorité et non pas réfléchir par eux-mêmes. Par le passé, l’hiérarchie exigeaient l’obéissance totale.
Ma définition du but ou du sens de la vie n’a rien à voir avec celles-ci. Je parle d’un but qui ait du sens pour soi-même, non pas pour quelqu’un ou quelque chose en dehors de nous.
Cette idée soulève naturellement la question suivante : supposons que ma vie ait du sens pour moi, que cela signifierait-il à mon sujet? Quel genre d’être serais-je ?
Lorsque je crée ou je construis quelque chose, disons par exemple une chaise, c’est moi qui définis sa fonction, son but. Dans ce cas, elle sert à me permettre de m’asseoir. Ainsi on pourrait dire qu’à partir du moment où j’ai un créateur, je n’ai pas de but personnel. Ma vie ne peut avoir de sens que si je suis moi-même créateur, si je crée ma propre vie.
Ceci implique qu’une partie de moi doit exister en dehors de l’espace-temps. Si mes origines se trouvent uniquement à l’intérieur de l’espace-temps, je ne peux pas être mon propre créateur. Dans ce cas je pourrais conclure que quelque chose de plus ancien que moi m’a créé. Pour que la question « Quel est le sens de ma vie ? » puisse avoir une quelconque signification, je dois comprendre que je suis composé de deux parties : la partie créatrice, qui existe en dehors de l’espace-temps, et ma personnalité terrestre, qui se situe à l’intérieur de l’espace-temps. Je suis les deux à la fois : le grand moi et le petit moi. Le petit moi ne vit pas seulement à travers ma personnalité terrestre, mais aussi au sein du grand moi, et toutes ces expériences font partie du grand moi.
Le grand moi connaît le sens de ma vie, car c’est la partie de moi qui m’a créé, et pour elle ce que je fais ici a du sens. Donc si je – le petit moi – souhaite connaître le sens de ma vie, la toute première étape est de devenir conscient du grand moi.
Si je ne reconnais pas l’existence du grand moi, la question ne peut avoir de sens. Je dirais même que sans la présence du grand moi nous ne serions pas en mesure de poser cette question. Nous nous contenterions simplement d’obéir à des lois extérieures. Nous vivrions alors sans monde intérieur, sans psyché, en quelque sorte comme des ordinateurs. Le fait même que nous soyons capable de poser cette question signifie que nous sommes jusqu’à un certain degré en contact avec le grand moi, ou de manière plus traditionnelle, avec notre âme.
Devenir conscient du grand moi
Où faut-il chercher le grand moi ? Non pas à l’extérieur, bien évidemment, mais plutôt quelque part à l’intérieur de nous. Lorsque nous entreprenons cette recherche il existe trois obstacles fondamentaux que nous pouvons rencontrer. Le premier est que nous n’avons pas l’habitude de diriger notre attention à l’intérieur de nous pour trouver des réponses. D’ailleurs nous ne sommes pas habitués à nous tourner vers l’intérieur tout court. En règle générale nous ne parvenons pas à y garder notre attention plus de quelques secondes, avant de penser à quelque chose en dehors de nous ; souvent l’un des nombreux tracas de notre vie quotidienne. Le deuxième obstacle est de l’ordre psychologique : nous avons la croyance que nous sommes insignifiants, que nous n’avons pas, ou très peu d’importance. Nous ne parvenons pas à concevoir qu’il puisse y avoir quelque chose de merveilleux et d’éternel en nous. Le troisième obstacle est également d’ordre psychologique. Il s’agit d’un sentiment très répandu, d’être quelqu’un de foncièrement mauvais ou d’indigne. Nous parvenons à cacher ce sentiment du monde extérieur mais au fond de nous perdure l’idée que s’il existe quelque chose de l’ordre d’un grand moi qui vit en nous, il doit le savoir et donc en colère, car nous avons échoué. Il vaut mieux donc éviter de nous mettre trop en lien avec ce grand moi car cela ne fera que renforcer notre sentiment de dévalorisation.
Comment surmonter ces obstacles ?
La première étape est de rentrer en nous-mêmes, de tourner notre attention vers notre monde intérieur. Il arrive souvent qu’en voulant faire cela, les gens s’efforcent à arrêter d’avoir des pensées. Or, comme il est très difficile d’écarter nos pensées pour plus de quelques secondes, généralement ils se remettent à penser à leurs différentes préoccupations. La solution est assez simple : il existera toujours des choses dans notre monde intérieur qui attirent notre attention. Ce sont souvent des émotions telles que la colère ou la tristesse, ou alors une tension que l’on ressent quelque part dans le corps, voire une douleur. La raison principale que beaucoup de gens trouvent très difficile de méditer est qu’ils imaginent qu’il faille détourner leur tête des choses qui attirent leur attention. Cependant, nous ne pouvons trouver la paix intérieure que si nous considérons ces choses comme ayant une valeur, au lieu de les voir comme étant indésirables ou négatives. Elles ont de l’importance puisqu’elles font partie de nous, et elles contiennent des messages importants pour nous. Elles appellent notre attention pour de bonnes raisons.
Si par exemple vous ressentez de la colère quelque part en vous, imaginez un instant qu’à ce même endroit se trouve un enfant en colère. Utilisez votre imagination, tout simplement. L’imagination est un outil puissant qui nous permet d’entrer en contact avec notre monde intérieur. Un grand nombre de personnes la sous-estime, sous prétexte qu’elle n’est pas réelle et n’a aucune vraie valeur. Pourtant, considérons un instant ceci : tous les grands chefs d’œuvres, toute la littérature de l’humanité, toutes ces créations ont surgi de l’imagination des êtres humains. Votre imagination est toujours très individuelle, elle est unique et elle vous apporte toujours des informations vous concernant.
Servez-vous donc de votre imagination pour entrer en contact cet enfant intérieur. Soyez accueillant et aimant à son égard. Cet enfant fait partie de vous, et il s’agit peut être d’une partie de vous que vous avez longtemps négligée. Cependant cette partie de vous est porteuse de messages précieux.
Lorsque nous parvenons à percevoir ces différentes parties de nous sans y porter de jugements, à accueillir, à aimer même chacune des parties, nous devenons l’observateur du petit moi ; de notre personnalité. Et c’est alors que quelque-chose de merveilleux peut se produire : en devenant l’observateur, nous entrons en contact aussi avec le grand moi, avec notre âme.
Devenir conscient de ce qui bloque l’énergie de son âme
Notre petit moi est rempli d’idées, de pensées et d’émotions qui surgissent en réaction au monde extérieur. Etant donné que la plupart des idées qui circulent dans le monde extérieur sont fondées sur la peur, elles bloquent l’énergie de l’âme, qui est une énergie d’amour. Certaines de ces idées semblent pourtant si évidentes qu’il peut être difficile à imaginer qu’elles puissent être erronées. Quelles sont ces idées ? D’abord il y a notre réaction primaire aux énergies de peur dans notre société. Nous ne nous sentons pas à notre place, nous avons l’impression d’être différent des autres. Par conséquent nous tirons la conclusion qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez nous et qu’il faudra changer, ou grandir. Nous vivons alors dans un état permanent de jugement de soi. Lorsque nous nous condamnons et nous nous renions de cette façon , nous repoussons l’énergie de notre âme. Le résultat est que nous ne nous sentons pas aimés. Ainsi commence la grande quête de l’amour. Nous développons la croyance que le monde extérieur nous est indifférent et qu’il faut fournir beaucoup d’efforts pour gagner ne serait-ce qu’un peu d’amour de la part de quelqu’un d’autre.
Un sentiment d’impuissance accompagne ces idées. Nous apprenons à croire que nous n’avons aucun contrôle sur nos vies, que ce sont les autres qui détiennent du pouvoir, et non nous.
Nous apprenons que tout est séparé : nous sommes séparés les uns des autres par des murs et des frontières, et nous sommes séparés des étoiles par un immense espace.
Il existe quatre peurs fondamentales que nous
intériorisons :
– La peur du manque en général et le manque d’amour tout particulièrement.
– La peur de l’impuissance.
– La peur de la séparation.
– La peur d’être une personne mauvaise ou indigne.
Afin de vaincre ces illusions nous devons d’abord en
être conscients. Nous pouvons le devenir davantage en affirmant les idées
contraires suivantes :
– Je suis une source d’amour et d’abondance.
– Je suis un puissant créateur.
– Je suis une partie intégrante de l’univers.
– Je suis une bonne personne.
Lorsque vous affirmez l’une de ces idées, par exemple “Je suis une source d’amour et d’abondance”, il est très possible que vous ressentiez une résistance en vous. Souvent une pensée opposante se présente aussitôt, pour rejeter l’idée d’office, sans questions. Dans ce cas, utilisez à nouveau votre imagination : imaginez que quelque part en vous se trouve une personne qui est à l’origine de cette pensée rejetante. Peut-être qu’elle dit par exemple que l’idée que vous soyiez une source d’amour et d’abondance soit ridicule. Prenez le temps de bien observer cette personne. D’où vient-elle? Il est fort possible que cette voix vient de votre passé ; peut-être de l’un de vos parents. Cependant, en y prêtant attention, vous constaterez peut-être qu’elle vient du monde extérieur. Elle n’émerge pas d’au-dedans de vous ; elle ne vous appartient pas véritablement. Les choses qu’elle vous dit peuvent être vraies, et elles peuvent être fausses. Il se peut que vous ressentiez un doute à ce sujet. Soyez rationnel vis-à-vis de ce doute : puisqu’il est là, cela semble censé de donner une chance à la possibilité positive. Laissez-vous accueillir la pensée : « Je suis une source d’amour. » Répétez-la plusieurs fois par jour. Après tout, vous vous êtes répété des pensées négatives tant de fois au cours de votre vie ; pourquoi ne pas donner une chance aux pensées bienfaisantes ?
Notez l’effet que cela vous fait. Chaque fois que vous prononcez l’une de ces phrases positives, prêtez attention à toute réaction négative qui se produit en vous. Vous pouvez utilisez votre imagination pour étudier cela. Il est probable qu’au bout d’un certain temps vous constaterez que toutes ces pensées négatives ont quelque chose en commun : ce sont des peurs très ancrées dans la société qui vous entoure, que vous avez intégrées comme étant les vôtres. Plus vous en prenez conscience et plus vous pourrez créer de l’espace pour votre grand moi. Créer de l’espace signifie cessez de refouler ou faire taire ce grand moi et ainsi permettre à l’énergie de votre âme de se manifester davantage. Renouer le contact avec cette énergie est une étape fondamentale sur le chemin pour trouver le sens de sa vie.
Le sens de votre vie : vous exprimer
Quel est le sens de votre vie ? La vie de chacun d’entre nous a bien sûr un but, un sens qui lui est propre et unique. Néanmoins, on peut dire que lorsque l’énergie de votre âme circule librement dans le monde, lorsque vous exprimez la part de vous la plus vraie, la plus authentique, vous avez trouvé le sens de votre vie. Pour les personnes qui vivent déjà ainsi, la question a simplement disparue de leur existence ; c’est quelque chose qu’elles ressentent, qu’elles savent. Elles sont semblables aux petits enfants qui jouent au soleil, savourant la vie et vivant au moment présent. Pour eux les grandes questions n’ont pas d’importance, puisque ce genre d’interrogation est souvent révélateur d’un mal-être ou d’une insatisfaction intérieure. Quelqu’un qui est véritablement heureux n’a pas tendance à se demander « Pourquoi suis-je ici ? Quel est mon but dans la vie ? » Etre heureux est en fait une réponse à toutes ces questions.
Pourtant, beaucoup de gens ne sont pas heureux, et portent en eux ces interrogations. Pour quelles raisons? La réponse est simple : nous ne sommes pas accueillis dans ce monde. Les énergies de peur de nos sociétés sont telles qu’elles étouffent l’énergie du grand moi. Le monde extérieur souhaite que nous restions petits, que nous nous conformions et que nous soyons obéissants. Ce monde ne voudrait voir que notre petit moi, et non notre grand moi. Au cours de notre enfance nous avons intériorisé cette vision du monde, et en le faisant nous rejetons à notre tour le grand moi. Par conséquent nous ne nous sentons pas heureux et nous commençons à nous poser ces grandes questions-là.
En règle générale, lorsque nous nous posons la question « Quel est le sens de ma vie? », nous la posons depuis un point de vue particulier : le fait même que nous nous la posons implique que nous ne connaissons pas la réponse. Nous croyons que la réponse se trouve en dehors de nous-mêmes. Où donc ? C’est l’âme qui la détient, et notre âme est donc quelque chose qui se trouve en dehors de nous, qui flotte quelque part au-dessus de nous. Comment donc entrer en contact avec notre âme? La clef est l’acceptation. Plus nous acceptons qui nous sommes, moins nous nous jugeons ; plus nous commençons à ressentir de l’appréciation et de l’amour pour nous-mêmes, et plus nous sommes en contact avec notre âme.
Le premier pas sur ce chemin est de rentrer à l’intérieur de nous-mêmes et d’accepter l’idée que tout ce que nous y trouvions a de la valeur, peu importe combien cela puisse nous sembler négatif au premier abord. En accueillant tout ce qui se trouve en nous avec amour et considération, nous devenons conscients de cet observateur aimant qui est en train d’observer le petit moi. Il s’agit du grand moi ; de notre âme.
Nous ne trouvons pas le grand moi en le cherchant, mais en accueillant ces idées et en percevant la manière dont le grand moi nous considère : avec une acceptation totale, un amour inconditionnel. Nous ne pourrons jamais trouver notre âme puisqu’elle ne se situe pas en dehors de nous. Cependant nous pouvons être au diapason avec notre âme, donc avec nous-mêmes, en cessant de nous identifier aux idées qui n’appartiennent pas au domaine de l’âme, telles que nos vieilles pensées fondées sur des peurs, et en accueillant celles qui viennent véritablement de l’âme, qui sont, sans équivoque, basées sur l’amour.
Quel est donc le but de notre vie ? Premièrement, de devenir conscients du grand moi. Mais ce n’est pas tout. Le petit moi est essentiel aussi. Si vous souhaitez trouver le sens de votre vie, ne rejetez pas votre ego, du moins pas complètement. Car en devenant conscients du petit moi, nous devenons également conscients d’un potentiel quasi illimité.
Nous pouvons comparer le petit moi à un morceau de verre coloré, qui ne laisse passer que certains rayons du soleil. Le soleil représente ici le grand moi, et le verre teinté le petit moi. Dans cette métaphore, toute éventuelle tâche sur le verre représente nos peurs, ou nos croyances fondées sur la peur. De la même façon, le petit moi filtre l’énergie de notre âme, ne permettant qu’à certains aspects de l’énergie de l’âme de rayonner dans le monde.
Afin de permettre à ce filtre de fonctionner correctement, trois étapes sont nécessaires. D’abord nous devons nettoyer le filtre, ce qui implique le fait de devenir conscients de nos peurs anciennes. Cela correspond à nettoyer le verre. Deuxièmement, nous devons reconnaître, et devenir plus conscients de l’existence du grand moi. Lorsque le verre n’est plus tâché, la lumière du soleil peut le traverser aisément. Enfin, nous devons comprendre la spécificité de notre filtre. De quelle couleur est le verre? Quelle partie de l’énergie de mon âme cherche à s’exprimer dans le monde extérieur? En étudiant cet analogie, vous noterez peut-être que lorsque nous posons la question : « Quel est le sens de ma vie ? », il existe deux pièges que nous sommes susceptibles de rencontrer.
Dans le premier cas, le verre est tâché, ce qui lui empêche de laisser passer la lumière correctement. Les ombres ou les tâches représentent nos pensées et nos actions qui sont fondées sur la peur. Imaginons un instant une personne qui a peur de manquer. Il ou elle pourrait entretenir des pensées telles que « Je veux être millionnaire et devenir célèbre et être aimé par tout le monde. »
Le deuxième piège ou erreur est le cas où le verre n’est pas conscient de sa propre couleur, et il souhaite laisser passer tous les rayons du soleil, ce qui est pourtant impossible. Dans ce cas la personne n’est pas suffisamment consciente de son propre ego ou personnalité : elle cherche à sauver et changer le monde, et elle veut partager son amour avec tout le monde. Le résultat ne peut être que des expériences de vie décevantes, voire traumatisantes.
Oubliez un instant l’idée de sauver le monde, oubliez même votre âme, écartez vos peurs et lâchez les attentes de la société. Ressentez votre ego ; oui, ressentez votre ego. Votre ego sait ce que désire véritablement votre personnalité et il connaît la couleur du filtre que vous êtes. A partir du moment où cela est clair, vous pouvez commencer à exprimer l’énergie de votre âme selon votre couleur unique, votre personnalité individuelle, et vous avez besoin de votre ego pour accomplir cela. C’est votre ego qui vous permet de ne pas suivre ou obéir aux énergies extérieures qui tentent de se servir de vous ou de vous dominer. Vous avez besoin de votre ego afin de porter l’énergie de votre âme, et c’est cela qui comblera votre personnalité terrestre.
©Gerrit Gielen
Traduction Kate Bentley